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My Broken Mariko

Que faire quand vous apprenez la mort d’un être proche ? Comment vivre le deuil ? C’est par la colère et le sentiment d’impuissance que Tomoyo tente de vivre ce moment … 

Première œuvre de Waka Hirako, et pour une première percée, c’est un coup fatale au cœur.

Tomoyo est une jeune employée de bureau, avec une vie plutôt rangée mal­gré son car­ac­tère assez décalée. Un beau jour, elle apprend la mort de son unique amie Mariko qui a choisi dés­espéré­ment la voie du sui­cide. Dans un excès de rage, Tomoyo souhaite pass­er un dernier moment avec elle et lui ren­dre un dernier hom­mage. Dans un geste incon­sid­éré, elle vole l’urne funéraire à la famille de Mariko, loin d’être inno­cents dans ce sui­cide. Tomoyo s’en­gage alors dans un road-trip impro­visé et atyp­ique pour per­me­t­tre à son amie de chang­er d’airs. 

Voilà une lec­ture qui n’é­tait pas facile … C’est pourquoi, si vous êtes une per­son­ne sen­si­ble aux sujets du deuil et de la vio­lence, je ne vous con­seille pas de vous ren­seign­er davan­tage sur ce titre. C’est un man­ga qui met les pieds dans le plat, qui ne ce cen­sure pas et qui dépeins une réal­ité hideuse pour la pau­vre Mariko. Le road-trip sera l’oc­ca­sion de se rap­pel­er d’une ami­tié qui n’a cessé de grandir depuis l’en­fance, de moment de com­plic­ité, mais surtout d’une souf­france chez la pau­vre défunte. Elle n’a pas eu une vie facile, et le man­ga n’a pas peur de par­ler de vio­lences famil­iales, de mal­trai­tance et de viol. Des moments forts, cru­els, qui con­trastent totale­ment avec ses moments avec Tomoyo, qui appa­raît un peu comme son ray­on de soleil. Ce sont des véri­ta­bles mon­tagnes russ­es qui appa­rais­sent dans ces flash-back, entre joie et dés­espoir, le lecteur reste tour­men­té de cette lecture.

Plus que Mariko, il est davan­tage ques­tion de Tomoyo, qui se retrou­ver seule après la perte de sa seule amie. C’est un per­son­ne assez rafraichissant dans cette his­toire. Passée d’une ado­les­cente décalée et en marge de l’é­cole, elle devient une adulte (pas tou­jours respon­s­able) dés­abusée, au com­porte­ment imprévis­i­ble. Tomoyo, c’est le genre d’amie qui fonce sans réfléchir, très spon­tanée, et dont on ne doute jamais de sa sincérité. Elle est tout aus­si touchante que Mariko, et on aime la voir aider son amie, peu importe les obsta­cles. On peut par­fois trou­ver qu’elle va loin, qu’elle est incon­sciente, ou que cer­taines sit­u­a­tions sont abusées, mais c’est oublié son car­ac­tère impul­sif. À mon sens, le man­ga ne fait pas l’er­reur de se con­cen­tr­er unique­ment sur Mariko et de son his­toire. Il y a un axe plus orig­i­nale que d’autres titres à se focalis­er aus­si sur ceux qui restent et com­ment ils peu­vent vivre la mort. 

Et que dire du dessin ? C’est à l’im­age de l’his­toire et de ses per­son­nages. Un style pro­pre, mais qui peut vite faire brouil­lon. Cer­tains pas­sages tour­nent même au grotesque, défor­mant les per­son­nages, exagérant les traits. Il y a un sacré tra­vail sur les expres­sions faciales, très accen­tuées, ren­dant même les vis­ages moches. C’est un dessin qui ne plaira pas à cha­cun, tant l’esthétisme peut être dif­férente, mais on ne peut claire­ment pas nier que c’est effi­cace, et qu’il suf­fit à lui seul à trans­met­tre l’émotion.

Vous l’au­rez com­pris, c’est un man­ga que j’ai beau­coup aimé. Cer­taines pas­sages ont été durs, ça m’a fait mal, mais c’est pro­fondé­ment humain et touchant. Com­ment vivre et faire son deuil ? Il n’y a pas de répons­es et ce n’est pas ce man­ga qui en appor­tent. J’ai adoré la tour­nure des événe­ments, les ques­tion­nements et remis­es en cause de Tomoyo, qui essayait de com­pren­dre le geste de son amie, qui est loin d’être anodin. Ce duo est bien réus­si, mal­gré des car­ac­tères opposés, on sent une vraie alchimie entre elles. Plus que des amies, ce sont presque des sœurs spirituelles.

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