Non-Fictions

Sorcières

Véritable best-seller depuis plusieurs années maintenant, Sorcières, la puissance invaincue des femmes de Mona Chollet s’est vite imposé comme une référence dans les écrits féministes !

L’His­toire a été mar­qué par la chas­se aux sor­cières, dénonçant des femmes par mil­liers, sans réel fonde­ment. Céli­bataires, trop instru­ites, un physique atyp­ique, trop âgées, telle­ment de rai­son qui ont poussés les hommes à les con­duire au bûch­er. Et si cette époque n’avait pas totale­ment dis­parue et que nous étions encore dans une chas­se aux sor­cières dans notre belle époque au XXIe siècles ? 

Partir de l’Histoire, continuer vers le moderne

Dis­ons-le tout de suite : ce n’est pas un livre sur la chas­se aux sor­cières faites dans les pays occi­den­taux, menées prin­ci­pale­ment par l’Église. Le début de l’es­sai fait un rapi­de rap­pel sur cet événe­ment, mais sans ren­tr­er dans les détails. Ne vous atten­dez pas à une étude his­torique, car vous risquez d’être déçus. L’idée, que je trou­ve très intéres­sante, est de pren­dre comme point de départ la fig­ure de la sor­cière et les dénon­ci­a­tions mul­ti­ples qui ont pu être faites à une cer­taine époque pour porter un regard sur les attentes et pres­sions qui peu­vent pesées sur les femmes aujour­d’hui. Ici, Mona Chol­let fait un par­al­lèle très per­ti­nent entre deux épo­ques, qui n’ont a pri­ori plus rien à voir. Après cette lec­ture, on peut réelle­ment se deman­der si on ne per­pétue pas encore (même incon­sciem­ment) cette chas­se aux sor­cières, visant une femme qui sort d’un cadre donné.

L’es­sai est davan­tage axé sur des prob­lèmes qui per­durent, et reste très actuel dans les points abor­dés (et le restera longtemps, bien mal­heureuse­ment). Il y a un ques­tion­nement fait autour de la mater­nité, cette mau­vaise répu­ta­tion que peu­vent avoir les femmes qui ne veu­lent pas enfan­ter, sur la vieil­lesse, le rap­port que peu­vent avoir la médecine face aux femmes. Beau­coup de sujets qui me par­lent et qui vien­nent par­fois par­a­siter mon quo­ti­di­en. Ce livre a pu me ras­sur­er sur cer­tains aspects. Pour par­ler de mon cas et à titre d’ex­em­ple, je fais par­tie de ces femmes qui ne veu­lent pas d’en­fants (et cela ne chang­era pas). À cause de cette déci­sion, j’ai droit à cer­taines remar­ques, et je déplore le fait qu’on ne puisse pas respecter mon choix. On m’a longtemps fait com­pren­dre que mon cas était atyp­ique, rare. Avec la lec­ture de Mona Chol­let, je vois bien que je suis loin d’être la seule. Même si je fais tout de même par­tie d’une minorité, d’autres femmes ont aus­si fait ce choix et ne s’en por­tent pas plus mal.

Une lecture pour tous ?

Aux vues des ventes que ce livre a pu faire sur plusieurs années, je pen­sais qu’il pou­vait s’a­gir d’un essai très acces­si­ble et abor­d­able. Même aujour­d’hui, alors que le livre a 4 années dans les pattes, il se place en tête des ventes dans les écrits fémin­istes et dans les essais de manière générale. Ayant tra­vail­lé en librairie, j’ai même pu voir tous types de pro­fils acheter ce livre. Et pour­tant, j’ai réelle­ment été sur­prise à la lec­ture ! C’est un con­tenu qui est très dense, et riche. Il y a vrai­ment de la matière, on ne manque pas d’ex­em­ples ou d’ar­gu­ments, et si vous souhaitez appren­dre des choses, vous aurez de quoi faire. Soci­olo­gie, his­toire, presse fémi­nine, poli­tique, mode, il y a beau­coup de points d’ap­puis. Cepen­dant, si vous n’avez pas l’habi­tude de lire des essais, cela risque de sur­pren­dre. Il y a beau­coup de références, de notes, de pré­ci­sions, des évo­ca­tions sur une époque, une per­son­nal­ité, des dis­cours et bien d’autres. La lec­ture n’est pas tou­jours très flu­ide, et il y aura besoin de cer­taines con­nais­sances pour en prof­iter pleinement. 

C’est aus­si un livre qui ne prend pas de pincettes. Mona Chol­let est assez frontale, défend ses opin­ions et sa posi­tion, quitte à ne pas plaire à tous. Je pense qu’elle pour­ra en déranger cer­tains. De façon général, je trou­ve que cet essai s’adresse déjà à des per­son­nes voulant entr­er dans une pen­sée fémin­iste. Je ne sais pas si ça serait le meilleur titre pour con­va­in­cre une per­son­ne de s’in­téress­er à ce mou­ve­ment, tant il peut bous­culer. Per­son­nelle­ment, je n’ai pas été d’ac­cord avec tout, et je trou­ve que cer­tains points sont même exagérés. Néan­moins, je ne peux nier la réflex­ion que ce livre a pu m’ap­porter, et c’est aus­si ce que je recher­chais à cette lecture.

Sor­cières, c’est mon pre­mier livre abor­dant des sujets fémin­istes et je pense me pro­cur­er d’autres références. Déjà, j’aimerais lire d’autres titres de Mona Chol­let, notam­ment son dernier Réin­ven­ter l’amour, autour des rela­tions et des ori­en­ta­tions sex­uelles (qui pou­vaient peut-être un peu man­quer dans Sor­cières). Autrement, je pense aus­si me tourn­er vers des antholo­gies et des clas­siques (Simone de Beau­voir, je par­le de toi).

À lire par la suite

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